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31 juillet 2025
Cinq choses à savoir sur la filière brassicole dans le Nord
Le Nord est une grand terre de bière, ce n'est un secret pour personne. Et voici pourquoi cette filière rayonne bien au-delà de nos frontières.
De nos houblonniers passionnés à nos brasseurs qui regorgent de créativité, en passant par les entrepreneurs qui innovent pour valoriser les déchets, la filière brassicole foisonne dans le Nord.
La filière a connu des hauts et des bas

Difficile à croire aujourd’hui et pourtant ! Au début du 20e siècle, le Nord comptait quelques 2 000 brasseries sur ses terres, puis ce chiffre est tombé à 16 en 1986…
Pendant 20 ans, l’industrie de la bière a vécu en sursis
, explique Aurélie Baguet, co-fondatrice de l’Échappée bière, une agence de voyage qui propose des circuits de découverte de la filière brassicole. Les brasseries se sont alors regroupées, certaines ont été
rachetées par des grands groupes ou ont été délocalisées. Bref, l’économie de
la bière a changé.
Au tournant des années 2000, outre-Manche, un mouvement a fait renaître les bières artisanales. Et cette nouvelle tendance a essaimé chez nous.
En 1996, la brasserie Thiriez est l’une des brasseries artisanales pionnières dans le Nord, suivie par la brasserie Moulins d’Ascq en 1999. Pas loin de 90 brasseries voient le jour en 10 ans. Parmi elles, quelques grands noms comme la 3 Monts, la Jenlain, la Goudale ou encore la Choulette ou la Jack Mill.
Après 10 ans d'accélération continue, l’industrie brassicole connaît aujourd'hui une phase de stabilisation. La densité des sites de production brassicoles reste cependant l'une des plus élevées en France.
Nos savoir-faire sont reconnus

La région Hauts-de-France est la deuxième région française
productrice de houblon avec environ 70 tonnes récoltées chaque année. La culture du houblon reste une culture de niche, très
technique et exigeante
, explique Aurélien Honoré, conseiller en
production végétale à la Chambre d’agriculture.
Dans le Nord, on compte 9 producteurs de houblon dont une partie, parmi les plus récemment installés, ont fait le choix du bio. C'est le cas par exemple de Riquier Thévenin, qui cultive en partie son houblon sur un espace naturel du Nord à Godewaersvelde.
Comme la vigne, le houblon exprime son terroir et renferme un tas de notes aromatiques.
À noter : plus de 70% de cette production reste dans la région pour approvisionner les petites et les grandes brasseries.
Nos brasseurs subliment à la perfection ce produit, avec talent et créativité. Les bières du Nord récoltent d'ailleurs régulièrement des prix, lors du concours général agricole par exemple ou dans des classements internationaux.
Les bières artisanales reviennent à la mode

On a aussi la chance dans le Nord d'avoir des gens qui aiment la bière et sont attachés à des productions de qualité
, poursuit Aurélie Baguet. Au fil dans années, les bières artisanales se sont en effet fait une vraie place dans le caddie des consommateurs. Les raisons de ce virage ? La lassitude face aux produits standardisés, un retour à la consommation locale… et un effet de mode !
La bière est devenue un produit identitaire et aussi revendicatif : le client qui achète une bière locale sait très bien qu’elle provient d’un brasseur passionné.
Sur le marché, les brasseurs proposent une diversité incroyable de goûts et d’arômes. Le succès des bières IPA (en anglais : India Pale Ale), bières de haute fermentation au goût amer, a notamment révolutionné le monde de la bière.
Cette success story alimente un véritable écosystème qui fait vivre et revivre des métiers et des entreprises.
Rien ne se perd avec la bière !
Plusieurs initiatives innovantes alimentent une véritable économie "circubière".
La Pain de Minuit est par exemple produite avec du pain sec récupéré auprès des professionnels de la restauration et les boulangeries. Récemment, son fondateur a même traversé la Manche à la nage pour aller chercher du pain chez nos voisins britanniques.

Pendant ce temps, au hasard d’une rencontre avec un brasseur, deux quadragénaires lillois découvrent la drêche, résidu du processus de brassage. Peu ragoûtant à priori. Mais après un gros travail, ils sont parvenus à transformer cette matière en de délicieux biscuits apéritifs.
Un défi pour demain : accueillir le public

Le Syndicat des Brasseurs a posé de nouveaux jalons
pour l’avenir de la filière : les brasseries ne peuvent plus rester de
simples sites de production, elles doivent aussi devenir des sites de
dégustation. Aujourd’hui, plus aucune brasserie ne se crée sans accueillir du public
, complète Aurélie Baguet.
Cela permet de fidéliser des clients et de gagner aussi sur les marges en faisant de la vente directe
. Bars, dégustations, visites guidées… Comment bien accueillir le public ? Comment faire la promotion de ces nouvelles pratiques ? C’est tout l’enjeu actuel de la filière brassicole qui investit le champ de la communication.
Il y a encore un travail de communication à mener pour que les brasseries se fassent connaître au même titre que les fromageries, les chocolateries ou les caves de vin
Des événements grand public traduisent pourtant un intérêt grandissant pour la filière. Le festival Bière à Lille est devenu en quelques années the place to be pour les passionnés et les curieux. On peut aussi citer le succès croissant du festival des bières d'abbaye à l'Abbaye de Vaucelles ou encore le nouveau Marathon Bière Flandre Festival.
De nouveaux lieux touristiques font aussi leur apparition comme La Choulette Expérience à Hordain qui propose de découvrir l'histoire de la brasserie et de la bière, un bar pour déguster les meilleures bières, un restaurant et une boutique.
La future Cité régionale de la bière verra le jour dans le Nord
Lieu d'exposition et de production, lieu ressource et même de formation, la future Cité régionale de la bière à Bailleul ambitionne de faire rayonner un peu plus la filière brassicole régionale sur les plans touristique, culturel et gastronomique.
Crédits photo : C. Arnould, Ph. Houzé, D. Lampla, Échappée Bière