Vous êtes aujourd’hui connu pour avoir collaboré avec Dany Boon pour son film "Bienvenue chez les Ch’tis"…

Gérard Deligny : Oui, quand Dany a tourné son film, il voulait mettre en valeur des gens du Nord. Il m’a alors demandé de réaliser une dizaine de toiles pour les décors de son film "Bienvenue chez les Ch’tis". À l’époque, je travaillais chez France 3 Lille et j’étais décorateur de télévision et de cinéma.

Comment a démarré votre carrière d’illustrateur de télé et de cinéma ?

G.D. : Cela m’est venu tout à fait par hasard, quand j’étais étudiant, je faisais des expos dans une galerie d’art, rue de la Monnaie à Lille, l’attachée de presse de France 3 m’a démarché. À 26 ans, mes toiles se sont retrouvées exposées dans les locaux du journal télévisé régional. Le directeur a ensuite souhaité que je crée des dessins pour chaque édition du journal télé. J’ai alors enchaîné plateaux télé sur plateaux télé et pour dire vrai, je n’ai jamais eu le trac ! Je me sentais comme dans mon atelier.

D’où vient votre cette appétence pour le dessin ?

G.D. : Je suis né avec un don pour le dessin et la musique mais pas pour l’anglais ! (rires). Quand j'allais à l'école primaire, j'avais toujours mes dessins dans mon cartable. Un jour, la maîtresse les a découverts et elle m'a mis une claque quand j'affirmais que j'en étais l'auteur. Elle a convoqué ma maman et mes œuvres ont été exposées sur le mur de la classe, mon don étant mis au grand jour.

Vous êtes issu d’un milieu artistique ?

G.D. : Pas spécialement ! Mon père était ouvrier, ma mère ne travaillait pas et ils ne roulaient pas sur l’or. Mon père lisait tout de même du Maupassant, du Zola… Après le bac, j'ai suivi des études de droit et d'histoire de l'art à la faculté de Lille puis passé le concours de professeur d’enseignement général. J'ai mené de front une carrière de professeur titulaire et d'artiste professionnel. Retraité de l'Éducation Nationale depuis 2010, je continue ma carrière d'artiste avec de nombreux projets.

Comment vous êtes-vous fait votre place dans le milieu ?

G.D. : J'ai eu la chance d'être exposé dans la célèbre galerie Drouant, la plus importante à Paris, au début des années 80. C’est là vraiment qu’a débuté ma carrière de peintre. C’était une vitrine exceptionnelle. Ensuite, j’ai multiplié les expos personnelles (une centaine, à Paris, à Senlis, à Budapest…) ainsi que des salons internationaux. Artiste-peintre professionnel, je suis sociétaire de La Maison des Artistes depuis cette période. L'école primaire et maternelle d'Uxem porte mon nom depuis le 1^er octobre 1988. À l'époque, c'était un vœu de la directrice qui adorait ma peinture et était présente dans tous mes vernissages.

Vous avez rencontré du beau monde pendant ces années d’expo à Paris ?

G.D. : Oh que oui ! Michel Drucker, Pascal Sevran, Christian Morin, José Artur (mon parrain parisien dans le milieu artistique), Annie Cordy, Nicoletta, Éric Antoine, et bien d'autres. Les peintures réalisées pour l'émission "Histoire d'en rire" de Georges Folgoas sur TF1, m'ont fait une publicité phénoménale.

Vous peignez surtout du pastel, pourquoi ?

G.D. : C’est ce que l’on appelle du figuratif actuel. Ce choix de couleurs pastel reflète ce que j’ai à l’intérieur de moi… Je suis de nature romantique et contemplative et puis… j’ai une confidence à vous faire… je suis aussi très copain avec Salvatore Adamo, ceci explique cela !

Le Nord vous inspire-t-il ?

G.D. : Les plages de Bray-Dunes, les rues de Bergues, Dunkerque… Bien sûr, j’affectionne les ambiances, les façades des maisons. Mais je peins aussi des tas d’endroits ! Bruges, Honfleur et le sud où j’ai beaucoup exposé. J’ai surtout besoin d’être sur un lieu et de m’en imprégner pour le peindre. Et là, le temps n’existe plus. Quand je commence une peinture, je n’ai pas d’heure, je peux rester une journée entière sur place. Les passants m’interpellent et j'adore dialoguer avec eux.

Vous peignez beaucoup mais vous écrivez et êtes musicien aussi ?

G.D. : Oui j’ai plus de 1 500 toiles à la maison et à côté de la peinture, j’ai toujours inventé des tas d’histoires, depuis l’enfance déjà. L’écriture commence souvent à partir d’un fait réel ou d’un rêve… Je m’amuse beaucoup ! La musique est une autre forme d’expression. Enfant, je me suis acheté ma première guitare avec le pécule gagné avec des dessins et des peintures des chats et chiens des voisins. J’ai appris en autodidacte. Aujourd'hui, je suis guitariste et clarinettiste. Les sons et les couleurs se répondent, écrivait Charles Baudelaire. Peinture et musique sont complémentaires pour moi. J'ai écrit et composé plus de 350 chansons et je suis sociétaire de la SACEM (Société des auteurs, compositeurs et des éditeurs de musique).

Comment avez-vous réussi à concilier vos deux vies d’artiste et de professeur ?

G.D. : Ce sont deux mondes très différents et cela n’a pas été facile tous les jours. Mais je crois que c’est aussi ma personnalité multi-facettes qui veut cela. J’ai toujours aimé enseigner et conserver cette sécurité. Quant au monde de l’art, il m’a apporté énormément. J’y ai fait des rencontres extraordinaires !

Cela fait 20 ans que vous participez aux Portes Ouvertes des ateliers d’artistes, pourquoi ?

G.D. : C'est toujours avec un réel plaisir que je participe aux POAA. Depuis 20 ans, j'adore accueillir le public dans mon atelier pour expliquer ma technique et pour faire découvrir des œuvres que je ne présente pas forcément dans mes expos. Certaines personnes me suivent depuis longtemps, d'autres découvrent mon travail et reviennent parfois en visite privée. Je tiens à remercier les organisateurs pour la qualité du déroulement de l'événement, chaque année.