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25 novembre 2025
VIH : "Aujourd'hui, chacun peut se rendre dans un laboratoire et se faire dépister gratuitement"
Les innovations médicales ont considérablement amélioré la prise en charge du VIH. Pour autant, le combat n’est pas terminé et la prévention reste primordiale. Nous avons rencontré Olivier Robineau, chef du service universitaire des maladies infectieuses au Centre hospitalier de Tourcoing, pour faire le point.
Qu’en est-il de la situation épidémiologique dans la région ?
Olivier Robineau : Dans les Hauts-de-France, nous suivons 4560 personnes qui vivent avec le VIH (Virus de l'immunodéficience humaine), dont un peu plus de 2400 au Centre hospitalier de Tourcoing, centre de référence. Leur âge moyen est de 51 ans, et 20% d’entre elles ont plus de 60 ans. C’est une nouvelle donnée à prendre en compte et notre objectif est qu’elles vivent mieux et vieillissent bien.
Plus âgées, ces personnes ont reçu des traitements "anciens", plus lourds de conséquences que ceux d’aujourd’hui. Certaines souffrent d’autres maladies telles que l’obésité ou le diabète. Si les maladies s’amoncellent au cours de la vie, elles peuvent être plus fréquentes et surtout plus sévères chez les personnes porteuses du VIH. Notre challenge au quotidien : organiser un parcours de soins coordonné avec plusieurs spécialistes.
Au quotidien, quelles sont les difficultés rencontrées par vos patients ?
Olivier Robineau : Malheureusement, le VIH est encore très mal perçu. On parle même de sérophobie (la peur des personnes atteintes de VIH), notamment à l’égard des femmes qui peuvent vivre dans des situations de précarité très importantes.

Les modes de transmission ont-ils évolué ?
Olivier Robineau : Aujourd’hui la transmission est essentiellement sexuelle. En France, la transmission de la mère à l’enfant est rarissime grâce à la qualité des traitements antirétroviraux. Depuis 2024, l’allaitement d'un bébé par une mère qui présente une infection parfaitement contrôlée et sous traitement depuis au moins 6 mois, est d’ailleurs autorisé.
Une personne qui n’a plus de virus dans son sang ne transmet plus le VIH, et c’est le cas de 95% de nos malades ! Mais pour cela il faut se savoir atteint.
D’où l’importance du dépistage ?
Olivier Robineau : Oui et la bonne nouvelle, c’est que le nombre de dépistages a augmenté en France. Cela s’explique par la facilité du dispositif : désormais, tout le monde peut aller dans n’importe quel laboratoire sans ordonnance et se faire dépister gratuitement ou en étant remboursé à 100%. Quant au dépistage "Labo sans ordo", qui couvre également les maladies sexuellement transmissibles, il est pris en charge totalement pour les moins de 25 ans. Au-delà de cet âge, la prise en charge est faite par la sécurité sociale et la mutuelle.
Plus de 40% des personnes dépistées sont à un stade tardif du VIH. Dans ce cas, même les meilleurs médicaments ne permettent pas de tout rétablir comme avant. Notre enjeu est donc de dépister de manière précoce, le plus vite possible après leur infection. Soit après chaque rapport à risque.
Avez-vous un message à faire passer ?
Olivier Robineau : Nous sommes tous potentiellement, à un moment de notre vie, à risque. Les derniers chiffres attestent que 20% des nouveaux cas dépistés concernent les plus de 50 ans. Les rapports à risque ne surviennent donc pas que chez les jeunes !
Pour le dépistage et la santé sexuelle des Nordistes, le Département est là
Bon à savoir : vous pouvez également vous faire dépister dans les Centres de santé sexuelle (CSS) où une équipe de professionnels de santé propose à tous les Nordistes, mineurs ou majeurs, des informations et des consultations médicales de manière confidentielle si besoin. Sur place, pas d'avance de frais : le remboursement est effectué directement par la CPAM (Caisse Primaire d'Assurance Maladie) sur présentation de la carte vitale. Les consultations sont gratuites pour les personnes demandant le suivi dans le secret, et les personnes sans couverture sociale. En 2024, près de 30 000 consultations médicales y ont été réalisées.
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