Quand on accueille une personne âgée ou une personne en situation de handicap chez soi, il faut parfois repenser son alimentation et ce n’est pas toujours chose facile. Contribuer au bien-être alimentaire d’une autre personne peut être un défi, surtout quand on ne sait pas quoi mettre dans nos assiettes.

Pour guider ces accueillants, le Département du Nord organise pour la première fois des ateliers participatifs autour du bien-être et du mieux-manger. Animés par l’association Aprobio, une fois par mois, des binômes accueillants-accueillis se retrouvent au centre social de Cambrai. Le but est d’accompagner des familles accueillantes dans le changement de leur comportement alimentaire, explique Véronique Baey, membre de Aprobio, missionné par le Département. En début de session, ils peuvent partager chacun à leur tour au reste du groupe ce qu’ils ont testé à la maison, leurs petites astuces et ce qu’ils ont aimé… ou pas. D’un atelier à un autre, on voit vraiment la progression.

Créer du lien avec son binôme

Ce jour-là, les ingrédients disposés dans des petits pots en verre ne laissent pas la place au doute. Entre quinoa, pois cassés et haricots rouges, la séance porte sur les protéines. Et quoi de mieux que de discuter protéines autour d’un gâteau fait avec des produits de saison et ramené par Didier, accueillant familial.

L’alimentation est un enjeu fondamental pour le bien-être des personnes en situation de handicap et des personnes âgées. Il ne s’agit pas seulement d’apprendre à mieux manger, mais aussi de créer du lien et de partager des moments conviviaux qui renforcent la qualité de vie au quotidien avec l’accueillant. Grâce à ces ateliers, nous accompagnons les familles dans ce changement, en leur donnant des outils concrets et des idées nouvelles. 

Car au-delà de l’atelier en lui-même, il s’agit surtout d’échanger dans la bonne humeur. On redonne du sens à notre action. C’est ici un réel moment de partage, les binômes s’approprient les recettes ensemble et essaient de les refaire à la maison après, constate Sylviane Dris, responsable du service accueil familial. C’est aussi une plus-value pour tous les accueillants. Ils sont parfois isolés et c’est toujours bien qu’ils puissent échanger entre eux par territoire.

Cette expérimentation ravit les participants et ça se voit. Sourires aux lèvres, les binômes posent de nombreuses questions et n’hésitent pas à exprimer leur satisfaction. J’aime bien venir ici , clame Patricia, venue avec son aidante.

Faire vivre les producteurs locaux

Après une première partie découverte des protéines, il est l’heure de se lancer dans la réalisation de quelques recettes. Manches retroussées, mains lavées et recettes choisies, les binômes collaborent pour préparer des échantillons qu’ils gouteront. Une pâte à tartiner à base de haricots rouges, c’est super pour mes petits enfants !, s’exclame une accueillante. C’est aussi l’occasion de renouveler sa liste. Je viens chercher de nouvelles idées pour l’homme que j’accueille chez moi car, c’est vrai qu’on mange tout le temps la même chose, confie Martine. 

Et ce n’est pas tout. Ici, l’objectif est double. Il s’agit aussi de faire vivre les petits commerçants du territoire. Nous voulons sensibiliser aux produits bio et locaux pour une alimentation saine, de qualité et de saison, souligne Aurélie Fournet, chargée de mission à la direction de la ruralité et de l’environnement. Les ateliers évoluent aussi en fonction des demandes des binômes car quand on découvre l’agriculture biologique, on ne sait pas forcément où acheter ces produits.

Ces ateliers sont une formidable opportunité pour sensibiliser les accueillants familiaux à une alimentation locale, respectueuse des enjeux environnementaux et agricoles locaux. En valorisant les produits du Nord, bio et de saison, nous encourageons des pratiques responsables qui contribuent à préserver la biodiversité et à soutenir l’économie locale. C’est du gagnant-gagnant : pour les consommateurs nordistes, en particulier les plus fragiles, et pour nos agriculteurs nordistes dont beaucoup sont en difficultés du fait du contexte économique mondial actuel. 

Et la prochaine séance en est l’illustration. Les participants, volontaires pour visiter une ferme bio, vont accueillir pour l’occasion un producteur et pourront lui poser toutes leurs questions.