C'est dans son bureau, au premier étage de la Maison Nord Emploi (MNE) à Tourcoing, que Sophie Gamer nous reçoit. Sur cette plateforme, il y a mes collègues chargés d'orientation, ceux de France Travail, du CCAS, des associations partenaires...C'est quand même plus pratique d'être réunis pour répondre efficacement à nos interlocuteurs !  , sourit-elle. 

Depuis quelques mois, elle accompagne avec ce même enthousiasme les allocataires du RSA dans la recherche d'une activité ou d'une formation. En tant que coach emploi, j'identifie leurs besoins et leurs difficultés, nous essayons ensemble de les surmonter. Je sais bien que la vie n'est pas un long fleuve tranquille comme on dit, c'est plutôt une partie de poker ! Face à elle, une multitude de profils et de parcours. Mais très souvent revient une peur commune : celle d'être jugé ou incompris. Les gens imaginent des tas de choses. Certains disent qu'ils n'ont pas besoin de nous, ils ne voient pas ce qu'on pourrait leur apporter. Alors, je fais un pas de côté. Je me sers de mes multiples casquettes pour leur montrer que d'autres voies sont possibles. Quand un jeune me dit qu'il a arrêté de travailler pour s'occuper de ses parents malades, je peux tout à fait l'imaginer, et l'orienter  .

"Si la porte est fermée, rentre par la fenêtre !"

Retour en arrière. C'est après son divorce que Sophie, maman de trois jeunes enfants, reprend une activité. Avant mon congé parental, je faisais du secrétariat. Mais le monde du travail avait changé. Elle enchaine alors des boulots d'aide ménagère mais n'oublie pas son rêve de petite fille, nourri des senteurs de ses îles natales, la Martinique et la Guadeloupe. J'ai fait une formation en cuisine et j'ai obtenu mon titre professionnel ! , raconte-t-elle. Elle est ravie, mais la joie est de courte durée : un gros problème à la hanche la contraint à abandonner les fourneaux. Qu'à cela ne tienne : elle ne peut pas cuisiner ? Alors elle enseignera la cuisine ! Voilà comment débute sa carrière de formatrice. Un job à la fois enrichissant :  Cependant il me manquait quelque chose. On ne peut aider efficacement les gens si on n'a pas fait un peu de psychologie. 

À 47 ans, retour sur les bancs de la fac (à l'Université de Lille 3 précisément), pour obtenir un diplôme de coach en relation humaine. Une passion qui ne la quittera plus. Bénévole à l'association Force Femmes, qui accompagne les femmes de plus de 45 ans en recherche d'emploi ou dans la création d'entreprises, elle continue de se former (en gestalt thérapie) pour "faire émerger les désirs des gens". C'est alors que sa santé mentale joue les trouble-fêtes. Une période sombre où elle demandera, à contre-cœur, à bénéficier du RSA. Le temps de rebondir.

Recrutée à 55 ans par le Département du Nord

C'est une amie qui la reconnecte à ses envies et lui permet de renouer avec ce qui l'anime : accompagner les gens. Conseillère à l'Union Française Jeunesse de Lille, formatrice à l'INSTEP, puis conseillère en évolution professionnelle, on lui propose un CDI...qu'elle ne peut pas accepter. Je suis devenue aidante de mes parents, qui n'habitent pas la région. J'ai mis ma carrière entre parenthèses jusqu'à ce que je trouve une solution pour eux deux. 

Quand elle revient en mars 2025, elle se fait accompagner par l'association LIVE et participe à plusieurs job dating. Son profil atypique et ses compétences solides tapent dans l'œil des recruteurs du Département du Nord. Quatre mois plus tard, elle est embauchée comme coach emploi. Dans mon parcours, j'ai connu des hauts et des bas, j'ai rencontré beaucoup de monde, des personnes pas sympas du tout et d'autres qui ont été de vraies lumières. Ici, je me sens au bon endroit.